Alcootests électroniques: attention danger !

03/04/2015 15:16

Un test à grande échelle de l'IBSR (Institut belge pour la sécurité routière) démontre que 3 appareils sur 4 ne sont pas fiables ! 

Les vacances de Pâques approchent à grands pas. Beaucoup de gens en profiteront pour décompresser et faire éventuellement un bon repas en famille. Après un moment festif, de plus en plus de personnes utilisent un alcootest électronique pour savoir si leur taux d'alcool ne dépasse pas la limite autorisée. Mais peut-on se fier à ce type de gadgets ?

L'IBSR a fait le test et les résultats sont sans équivoque: la grande majorité des alcootests achetés se sont avérés imprécis et non fiables. Il est donc dangereux de se baser sur ces appareils pour décider de reprendre ou non le volant.

S'assurer de la fiabilité des alcootests présents sur le marché belge est non seulement important pour les citoyens qui souhaitent s'en procurer mais également pour les nombreux conseillers en prévention, hôpitaux, organismes, etc. qui utilisent de tels appareils pour détecter et limiter l'abus d'alcool. C'est pourquoi l'IBSR a décidé d'effectuer un test de grande ampleur sur les appareils vendus en Belgique.

Test des appareils électroniques
Le test a porté uniquement sur les alcootests électroniques qui peuvent être utilisés plusieurs fois pour vérifier la concentration d'alcool dans l'air expiré. Il n'a pas pris en compte les appareils utilisés par les services de police, soumis à d'autres normes beaucoup plus strictes et dont la fiabilité n'est absolument pas remise en cause. Les alcootests chimiques n'ont pas non plus été repris dans cette étude. L'IBSR a testé 24 types d'appareils: 17 étaient équipés d'un capteur électrochimique [1] et 7 d'un capteur semi-conducteur [2]. Pour chaque type analysé, trois exemplaires ont été achetés afin de pouvoir déterminer les éventuelles différences entre appareils d'un même type.


Tous ces alcootests ont été achetés sur le marché belge via des représentants locaux et/ou sur Internet. Leur prix variait de quelques euros à plusieurs centaines d'euros. Les appareils ont été testés au sein du laboratoire Alcoométrie de l'IBSR accrédité en la matière selon la norme ISO 17025. Les tests ont été effectués en conformité avec la norme internationale EN 16280 s'appliquant aux alcootests à usage personnel. Dans un premier temps, l'IBSR a vérifié si les alcootests respectaient les prescriptions en matière d'exactitude. Dans un second temps, le test a été répété après que les appareils aient été conservés dans des conditions météo extrêmes. Le but était d'examiner s'ils sont capables de résister à une température de 40°C comme c'est le cas lorsqu'ils se trouvent dans une voiture stationnée en plein soleil l'été. Une marge de tolérance de 20% a été appliquée pour les 2 tests.

Résultats de l'etude
Sur les 24 appareils analysés, seuls 6, c'est-à-dire pas plus de 25 %, ont respecté les prescriptions en matière d'exactitude lors des essais.

Même si un prix élevé ne garantit pas nécessairement l'exactitude des mesures, les appareils qui se sont avérés conformes se situent dans une catégorie de prix d'achat supérieure à 100 euros. Signalons, par ailleurs, que les 2 appareils pouvant être raccordés à un smartphone n'étaient pas fiables.
  
Conclusion
Malgré un prix parfois très élevé, très peu d'alcootests électroniques sont vraiment précis et fiables. Certains sont même dangereux car ils indiquent une alcoolémie inférieure à la valeur réelle, donnant le sentiment au conducteur qu'il peut prendre le volant alors qu'il n'en est rien. Soulignons, par ailleurs, que pour rester fiable, un appareil doit être étalonné tous les 6 mois par le fabricant, ce qui engendre des coûts supplémentaires pour l'acheteur (50 euros environ). Bref, on l'aura compris, mieux vaut "bobber" lorsqu'on fait la fête, c'est plus sûr et ça coûte moins cher !
Les personnes qui, malgré tout, souhaitent se procurer un alcootest électronique doivent de préférence se tourner vers les appareils les plus chers, même si ceux-ci n'offrent pas non plus une garantie de qualité infaillible. Elles doivent par ailleurs veiller aux éléments suivants:
vérifier que l'appareil soit configuré dans la bonne unité (mg/l) et réponde aux exigences belges (la limite en Belgique est de 0,22 milligramme d'alcool par litre d'air alvéolaire expiré soit 0,5 gramme d'alcool par litre de sang);
acheter un appareil dont le mode d'emploi est clair et permet d'interpréter correctement les résultats de mesure;
s'assurer qu'il est possible de faire étalonner l'appareil chez le fournisseur en respectant l'intervalle indiqué par le fabricant;
pour obtenir une mesure fiable, la personne ne peut ni boire ni manger ni fumer 15 minutes avant le test;
être conscientes que l'alcoolémie peut encore augmenter après que la mesure ait été effectuée !

Personne de contact : 
Benoît Godart, porte-parole de l'IBSR
Tel : +32 2 244 15 34 
Port : +32 476 24 67 20

Source :  Institut belge pour la sécurité routière

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